un. s 4th street, à memphis. c'est là-bas que tout a commencé. une jeune femme, d'à peine dix-huit ans, rencontre un jeune homme. il n'est pas de sa classe sociale. elle ne croit pas forcément en l'amour. elle ne compte pas avoir d'enfant avec ce parfait inconnu. la vie en décide autrement et neuf mois plus tard, ana voit le jour. tessa s'en veut légèrement. elle se dit que c'est trop tôt. que son mode de vie ne peut coller avec son nouveau job de mère. plusieurs soirs par semaine, elle pleure et en arrière fond, les cris du bébé qui chauffe pour une raison inexpliquée. c'est dur mais, elle ne baisse pas les bras teresa. deux. ana grandit. elle devient une magnifique petite fille. celle dont tous les parents rêvent d'avoir. elle est souriante, attachante, douce comme la soie. elle ramène ce petit chat à la maison où plutôt, au squad qui leur sert de demeure. pauvre bête bafouée sous les coups des terreurs du quartier. il se prénommera patate. patate qui boite. ça rime, c'est marrant. maman l'aime pas mais, elles le gardent pour faire plaisir à la gamine. trois. rapidement en âge de comprendre les problèmes financiers de maman, ana fait des concessions. elle invente des excuses auprès de ses copines pour ne pas se rendre à tel ou tel anniversaire. ils sont un petit peu tous dans le même cas dans le coin. maman, elle refuse qu'elle vive ainsi. maman, elle la pousse à vivre sa jeunesse parce qu'elle, elle en a pas eu l'occasion. elle enchaîne trois jobs, les heures de sommeil sont rares mais tant pis, anaëlle saura une petite fille heureuse. quatre. c'est une certitude. maman, c'est la plus cool de toutes. certaines ne peuvent pas comprendre. ana, elle l'aime plus que tout. elle aurait donné sa vie pour elle. sourire aux lèvres lorsque son regard se posait sur ses grands yeux verts, ce n'était pas juste une mère. teresa, c'était un modèle, une fierté, sa meilleure amie, sa confidente. maman, elle a pas toujours fait les bons choix dans la vie or, tout ce qu'elle a entrepris, c'était dans l'intérêt de sa fille. cinq. l'adolescence arrive plus vite que prévu. ana, elle fait tourner des têtes et des coeurs avec ses yeux clairs et sa douce voix. elle ferait flancher un coeur de pierre sans le vouloir et ce, en un battement de cils. ana, elle sourit face aux compliments. ses joues se rosies lorsqu'on l'invite à une soirée, au bal de fin d'année. elle ne sait pas dire non alors, elle accepte souvent sans pour autant en faire des tonnes. le naturel paie toujours. la réputation, c'est important. six. y en a qui l'apprécie pas forcément. elle paraît fausse. trop bien pour être vraie. de la jalousie à l'état pure. elle passe au dessus de tout cela ana. des rumeurs qui disent qu'elle deviendra comme sa mère. des bruits de couloir qui présument que maman baise avec le premier venu tout ça parce qu'elle est barmaid. elle s'en fiche ana parce qu'elle connait la réalité. elle sait ce qu'elles valent, toutes les deux. sept. maman a rencontré melvin. elle sait pas vraiment comment ana. elle se rappelle juste qu'un jour, il a débarqué chez elles et il n'est jamais plus reparti. trevis non plus d'ailleurs. ça ne la dérangeait pas anaëlle. au contraire, leurs opinions divergeants animaient les repas du dimanche soir. seul jour de la semaine où ils étaient tous réunis. une sorte de tradition qui s'est imposée d'elle-même. huit. ana, elle n'a jamais voulu mettre le nez dans les affaires de melvin. maman disait que c'était des histoires de grandes personnes et qu'elle ne pouvait pas comprendre. parfois, le ton haussait et traversait les murs de la maison. les voisins tapaient à l'aide de balais pour les faire taire et ana, elle se bouchait les oreilles très fort ou rejoignait trevis dans sa chambre pour écouter la musique à fond. un couple sans disputes n'est pas un couple. c'est ce qu'ils racontaient les adultes. neuf. un jour, maman n'est pas rentrée. au petit matin, le déjeuner n'était pas préparé, chose qui n'arrivait jamais. mel, il a arpenté les rues du quartier toute la journée. ana, elle est restée à table, les bras croisés, le regard vide. elle sentait bien que quelque chose s'était produit. trev, il l'a épaulé sans dire un mot. maman n'est jamais rentrée. quelques jours plus tard, ils ont retrouvé son corps. une balle. peut-être deux. peut-être un couteau. ana, elle a pas regardé. elle n'avait pas le courage. dix. suite au décès de maman, elle a broyé du noir quelques jours. elle ne disait plus un mot ana. elle en voulait à mel, persuadée qu'il en était la cause. il lui a proposé de voir un psy. elle a refusé. on lui a demandé si elle voulait arrêter les études, elle a dit que non. elle s'est ressaisie parce que c'est ce que maman aurait voulu. pour maman, elle a décidé de vivre sa vie. onze. y a quelques mois, elle a appris qu'elle avait de la famille à seattle et c'est pour cette raison qu'elle a décidé de traîner son beau-père et son frère d'adoption dans le coin. autant dire qu'elle angoisse un petit peu par rapport à ces nouveaux rapports qu'elle va devoir entretenir, ces nouvelles relations qu'elle va devoir créer. les garçons, incapables de la laisser seule, livrée à elle-même, on décidé de la suivre jusqu'ici. melvin prétend que s'il n'a pas réussi à sauver maman, il se doit de la protéger. c'est pas toujours le cas or, l'intention y est. douze. ana, elle a décidé de prendre son indépendance. elle a trouvé une petite coloc assez sympa qu'elle arrive à payer en travaillant en tant que serveuse. ce n'est pas glorieux mais, ça lui convient. elle dit que c'est d'autant plus sécurisant et puis, elle ne veut pas se sentir étouffée. elle leur rend visite toutes les semaines. faut dire que mine de rien, c'est difficile pour elle de se passer de trevis, son seul véritable repère et pilier ici. treize. ana, c'est le genre de fille qui s'attache rapidement. elle a rencontré elias quelques semaines après son arrivée. il l'a accueilli, accompagné, il lui a même proposé un toit. elle a fini par lui tomber dans les bras. sa première relation. quelque chose de beau, quelque chose de fort. peut-être quelque chose de trop rapide aussi. c'est ce qu'elle se dit la gosse. c'est peut-être trop précipité. pourtant, elle est attachée à lui, elle se repose beaucoup sur sa personne. des doutes qui planent et qu'elle tente d'effacer en se blottissant dans ses bras. y a rien à perdre. quatorze. la chose dont elle est certaine, c'est que pour rien ni personne elle ne changera de caractère, de valeurs et de qualités. elle a toujours vécue dans la modestie, remerciant le ciel pour les petits plaisirs que la vie a à lui offrir. elle compte rester celle qu'elle est. une jeune femme pleine de vie avec un brin de folie et beaucoup d'amour à donner.