I am who I'm meant to be, this is me.
under the strip @12 years old – Below the neon lights, hundreds of people call Las Vegas underground tunnels home. J'en avais déjà entendu parler. Mike s'en était même vanté auprès de moi. Mais j'en étais sûre, c'était juste pour faire son crâneur. Un peu comme Jolene qui avait raconté à toute la classe que son père avait pris une femme en auto-stop avant qu'elle ne s'évapore dans l'air. Ce n'était qu'un mythe. Un truc à faire dormir debout. Moi, je connais la vérité. Le père de Jolene a bien pris une femme dans sa voiture. Et même qu'il l'a payé pour. La femme en plus, elle travaille avec maman. Je l'ai même entendu dire que le père de Jolene c'était un mauvais coup. D'ailleurs je n'ai toujours pas demandé à maman pourquoi le père de Jo était un mauvais coup ? En attendant, et contrairement à la dame Blanche, la légende urbaine de Mike est bien réelle. Ou alors je suis en train de me faire un trip, comme quand le frère de Jolene prend sa poudre blanche et qu'il croit être invisible. Mais je n'ai rien pris, moi. Ce qui veut dire que Mike disait la vérité.
La ville souterraine de Vegas existe pour de vrai. Et je suis en train de parcourir ses longs couloirs obscurs au côté de maman et de son ami, Marc. Je tente de ne pas me laisser toucher par ce que je vois. Mais difficile à faire avec ce qui est devant moi. Tellement de personnes qui s'entassent ici. Dans un coin, sur un lit fait de cartons, un homme se parle à lui-même. Et je parle pas de l'odeur désagréable qu'on peut sentir dès qu'on y entre, dans ces souterrains.
Qu'est-ce que ça fouette ! Et dire que juste en haut de cette misère, à la surface, se trouvent les plus beaux casinos, les plus riches hôtels de la ville. Un léger frisson s'empare de mon corps. La main que je tiens se resserre autour de la mienne.
« Hey bébé ! C'est juste pour cette nuit !» me rassure maman.
« Promis, demain on retrouve notre maison. » Mensonge, j'ai envie de lui répondre. C'est faux, la maison est perdue. Pour toujours. Mais son regard est presque désespéré. Je hoche alors de la tête, lentement, comme pour dire que je veux bien faire semblant de croire à son mensonge. Marc, plus loin, s'est arrêté de marcher. Je le vois tendre quelque chose à un homme un peu plus âgé. Ce dernier n'hésite même pas. Il accepte ce qui lui est offert, prend ses affaires avant de disparaître au bout du tunnel. Je contemple ce que le vieux monsieur a choisi de laisser derrière. Un vieux matelas à peine plus épais qu'une bande dessinée. C'est ce qui me servira de lit.
« Voilà poupée ! Maintenant on est quitte. » Ce sont les derniers mots que Marc dit à maman, avant qu'il ne disparaisse à son tour. Me voilà seule, avec maman. Plus personne pour nous protéger ce soir. Bien que je ne le connaissais pas, la présence de Marc me rassurait. Après tout, maman le connaissait et lui faisait confiance. Mais franchement, il n'avait pas de canapé, ce Marc, qu'on aurait pu emprunter pour la nuit ? Je regarde autour de moi quand une pensée me traverse l'esprit. Du coup, si Mike avait raison, est-ce que je dois m'excuser de l'avoir traité d'imbécile, et de lui avoir dit de fermer sa gueule ? Mmm .. Non ! Ce débile serait bien trop fier de lui !
annual gala of the seattle police foundation @22 years old – In a closed society where everybody's guilty, the only crime is getting caught. In a world of thieves, the only final sin is stupidity. Bon dieu que la musique est barbante ! Pour un orchestre en live, l'ambiance est morte. Quelle agonie ! A croire que les musiciens n'avaient qu'un seul et unique objectif pour la soirée : endormir son audience. Et franchement, si je n'avais pas mon propre objectif, je me serais déjà tirée une balle depuis bien longtemps. J'aimerais être ailleurs. Un endroit où le son aurait un tel niveau qu'il ferait battre mon cœur en écho. Un endroit où les gens danseraient et se déhancheraient, tous collés les uns aux autres. Avec dans l'air un mélange d'alcool, de parfums, avec un soupçon de sueur. Peut-être que si je finis tôt ce soir, tu feras un tour à ailleurs. Pour l'instant, je me contente des snobs de la ville. Et puis, j'ai une mission à accomplir. Mission qui s'annonce d'ailleurs plus compliquée que prévue. Je n'ai toujours pas trouvé chaussure à mon pied. Aucun des bijoux arborés par la gente féminine n'attire mon attention. Rien qui ne vaille la peine de se faire prendre. Et ça serait con de se faire prendre quand la moitié des personnes présentes possède un badge et un flingue. Ça pue vraiment le flic dans le coin. Je souris légèrement quand une odeur familière et masculine me chatouille les narines. Un
pig en effet. Celui qui me sert de couverture et de laisser-passer.
« Tiens Poupée ! » Ugh ! Heureusement pour lui qu'il m'apporte du champagne. Autrement il aurait déjà bouffé mon poing. J'accepte la boisson avec un sourire que je veux reconnaissant. De sa main fraîchement libre, qu'il pose sur le bas de mon dos, mon compagnon de soirée me guide autour de la pièce. Sa main glisse un peu plus bas. Ma mâchoire se serre. Il veut pas me mettre une main au cul direct celui-là ? Je fais mine de prendre une gorgée pour éviter de suivre mon instinct et de lui tordre les doigts. Le liquide dorée fait finalement son chemin. Rafraîchissant. Le mec qui a choisi les boissons pour ce soir prend son job au sérieux. J'aimerais me dire que cette flûte de champagne fait ma soirée mais difficile de ne pas être frustrée. À Vegas, j'étais habitué à mieux. À des hôtels somptueux. À une abondance de bijoux. De quoi faire jouir et tester mes petits doigts agiles. Malheureusement ce soir, rien à l'horizon pour mettre à l'épreuve ma dextérité. Frustration totale. En plus, y'a que des vieilles peaux on dirait ! Et ces mémés, à l'opposé des plus jeunes, ne font pas des folies avec leur bijouterie.
Quel merdier tout ça.