I am who I'm meant to be, this is me.
Je croyais qu'
il y arriverait, qu'il tiendrait, au moins jusqu'à sa mort, jusqu'à ce qu'il disparaisse à jamais et nous laisse enfin tranquille, alors nous aurions pu espérer un futur meilleur. Satoru, tu es moi et je suis toi. Satoru, quoi qu'il arrive je suis ton allié, n'en doute pas. Ces mots, que je n'ai jamais dit, ces mots, que j'aurais dû lui dire. Et s'il ne se réveillait pas ? Combien de fois j'ai baissé les yeux, combien de fois je me suis recroquevillé dans un coin en attendant que la tempête passe. Lui nettoyer ses blessures, ça ne servait à rien, le mieux aurait été d'éviter qu'elles ne se créent. Le sauver de la mort n'était pas la solution, le sauver, c'était bien avant que son âme soit détruite, que j'aurais dû le faire. Ce petit garçon qui priait dans un coin, espérant être sauvé par un dieu qui, je sais aujourd'hui, n'existe pas. En quoi croire, en qui croire quand la seule personne que nous connaissons est le diable ?
Papa. Un simple mot que je ne prononcerais plus jamais, j'attendrais sa mort comme une délivrance. Rendez-moi mon frère, je vous donne mon père, ma mère, prenez-les, éloignez-les, loin de nous, par pitié. Je veux juste le voir sourire et je veux qu'il me pardonne, laissez-moi le temps de me racheter. Tout est ma faute, ne lui prenez pas la vie.
Je n'ai jamais cru en dieu, mais j'ai fini par me tourner vers lui. Des prières inutiles. Nous avions sali l'honneur de la famille. Je n'en ai fait qu'à ma tête. Lui, il était seul.
Désemparé.
La corde autour de son cou, enfoncé dans sa chair, la chaise tombée. Une vision d'horreur, effroyable et une pensée égoïste
« Ne me laisse pas tout seul ». J'ai eu du mal à le sortir de là, mais il semblait toujours vivant. L'hôpital n'est pas loin, je dois l'y amener. Et j'attends sur un banc. Ma brûlure, pourtant cicatrisée me fait mal tout autant que mon coeur.
Satoru.
Satoshi.
Lune.
Soleil.
Des conneries, en quoi je pouvais ressembler au soleil, je n'ai jamais été capable de faire quoi que ce soit. Des coups, j'en ai pris, certes, mais pourquoi elle, elle était toujours là ? Satoru avait besoin d'elle, pas moi. Pourquoi nous avoir abandonné, abandonné pour une bouteille de Whisky, pour un verre en plus, pour une clope mal roulée. Nous étions tes enfants. Il était ton fils autant que je le suis.
Mais peu importe, c'est terminé. S'il ne se réveille pas je m'en irai avec lui. Je veux mourir. Je le sais, c'est lâche, mais son sourire me manque déjà. Pourquoi la seule chose dont je suis capable c'est de m'enfuir ? Je suis là, assis à le regarder dormir. Comment c'était de l'autre côté ? Est-ce qu'on y est mieux ?
« Monsieur, vous ne pouvez pas rester là. Il va être transféré. ».
Hocher la tête sans rien dire, de toute façon je ne suis bon qu'à ça. Je sors, retourne dans ce couloir froid, le regardant passer d'une salle à une autre. J'attends, là, las. Je ne veux pas rentrer, je ne veux pas manger, je ne veux pas dormir. Je ne ferais rien qu'il ne peut pas faire, alors je resterais là.
the dawn won't spread the brightest light if there is no darkness
Seattle. La ville d'émeraude, une prison dorée pour nous. Cet homme peureux d'avoir un scandale, ça la foutrait mal au gouvernement, peureux de tout perdre, il nous a fait une prison, une prison douloureuse et cruelle parce qu'elle nous laisse l'espoir d'être enfin libres. Ce nouvel appartement, cette nouvelle université, une langue que je ne maîtrise pas parfaitement. Cet hôpital sombre. Université, hôpital, maison.
L'espoir de le voir se réveiller me maintient, presque... en vie. Quand est-ce que je pourrais voir ses petits yeux s'ouvrir ? Quand est-ce que j'entendrais sa voix à nouveau m'appeler ? Satoru, combien de temps tu vas dormir ? Tu me manques.
Hôpital, université, hôpital qui a remplacé cette nouvelle maison qui nous attend. Des coutumes et des paysages que l'on ne connaît pas nous attendent, alors s'il-te-plaît, réveille-toi vite, mon monde est terne sans toi. Il y a tellement d'endroits que je veux te montrer. Tu sais, ça fait déjà quatre mois que je suis ici.
L'hiver est long, est-ce que tu le ressens ?Est-ce que tu as froid ?Est-ce que tu es bien où tu te trouves ?Est-ce que je te manque ? Si je te manque, s'il-te-plaît, je t'en prie, réveille-toi.
cinq.
six.
« Monsieur Momoiro, votre frère s'est réveillé ».Ah. Pourquoi je n'étais pas là, il doit se sentir perdu, ne rien reconnaître. Je dois me dépêcher d'aller à l'hôpital, vite.
Satoru, tu n'es pas la lune, tu es mon soleil. Je dois lui dire.